Ils sont fous dans cette municipalité ? Ils ont vraiment des arrières pensées politiques retorses ? Ils ne peuvent pas faire l'inauguration le même jour que la commémoration ? ou après ? ou la faire en pleine semaine et dans la journée ?
Les critiques qui sont apportées
Quelques (surtout une) voix se sont élevées sur des blogs lire le commentaire de Nordine sur le colomblog , une autre confondant la date de l'inauguration et celle de la commémoration lire le commentaire de Fréderic Sarkis sur le même Colomblog et d'autres se sont exprimées à travers un tract anonyme pour s'élever contre l'invitation faite aux Colombiens, à travers le journal municipal "Mosaïque" , de participer ce samedi 7 mars à 11 heures (et pas 11 h 30 comme écrit par erreur) à l'inauguration de la place, à l'angle rue Saint Denis et rue des glycines. Le premier blogueur semble trouver que créer une place du 19 mars 1962 est une bonne idée mais qu'en organisant une inauguration le 7 mars, nous tentons de plaire à un certain électorat en espérant qu'il votera pour un candidat de la majorité le lendemain pour les cantonales de Colombes Nord Ouest. Le rédacteur anonyme, dont les expressions fleurent bon un vocabulaire de la droite extrême, rejette quant à lui le tout en bloc, indiquant que la nouvelle municipalité va créer à Colombes une "place de la honte" , la commémoration de la fin de la guerre d'Algérie devant se dérouler le 5 décembre.
M'étant moi-même occupée du dossier, en raison de ma délégation à la Vie associative et aux Anciens combattants, je tiens à donner quelques explications très simples à notre choix .
Pourquoi commémorer le 19 mars 1962 ?
La date
de commémoration de la fin de la guerre d’Algérie fait l’objet depuis de
nombreuses années d’un avis différent entre plusieurs associations d'anciens combattants et entre les
politiques de gauche et de droite. Les uns en tiennent pour le 19 mars 1962, date du cessez-le-feu qui mit fin officiellement aux huit années de guerre d'Algérie; les autres souhaitent commémorer le 16 octobre, date à laquelle les cendres d'un soldat inconnu mort en Algérie ont été rapatriées en France. Pour eux, le cessez le feu est une date qui n'a pas de signification car il n'a pas empêché totalement les massacres, qui ont duré jusqu'au 3 juillet suivant, où fut proclamée l'indépendance de l'Algérie. Il y a effectivement, malheureusement pour les victimes, souvent une différence entre la date de proclamation du cessez le feu et fin réelle de la Guerre.
En 1995,
Jacques Chirac souhaite apaiser
les esprits : il réunit une commission- composée de 54 députés UMP- qui proposent
la date du 5 décembre, date de l'inauguration en 2002 par Jacques Chirac du "mémorial national" du quai Branly à Paris, dédié aux victimes de ce conflit. Cette date ne correspond à rien historiquement et n’a jamais été acceptée
par les militants de gauche.
Plusieurs organisations, dont la plus importante pour l'Algérie, la Fédération nationale des anciens combattants en Algérie, Maroc et Tunisie (Fnaca, 370.000 adhérents), et l'Association républicaine des Anciens combattants et victimes de guerre (Arac, 100.000 membres), ont toutefois rejeté cette date de compromis, estimant que "seule la date historique du 19 mars, anniversaire du cessez-le-feu du 19 mars 1962 en Algérie, peut convenir pour un tel hommage.
Cela dit, la municipalité applique les principes républicains; Je m'inscris en faux sur ce que prétend Madame Gouéta dans la revue "Colombes 92 " qu'en tant que Conseillère générale du Canton Sud, mais fort opportunément pendant la campagne des cantonales de Lionnel Rainfray, elle a largement distribué dans toute la ville.
Selon elle, nous avons refusé tout moyen à celles des associations qui souhaitaient commémorer le 5 décembre. Nous avions, comme souhaité par l'UACA, qui regroupe les associations d'anciens combattants de Colombes, prévu comme d'habitude une sono et le disque de la Marseillaise. Malheureusement, le niveau des batteries de la voiture qui alimente la sono était insuffisant ; je suppose que cela s'est déjà produit dans le passé sans qu'on imagine qu'il y ait eu des instructions de l'élu pour créer l'incident, ou quil y a des saboteurs dans les services techniques... ; du coup, cercle vicieux, impossible de passer le disque de la Marseillaise , toujours commandé par la même sono, qui avait beaucoup souffert du froid.
Par ailleurs, la municipalité avait l'habitude d'offrir la fanfare lors de cette cérémonie ; bien que cela coûte mille euros environ à chaque fois, nous avions donné notre accord. Toutefois, le responsable de l'harmonie participait le même soir au Téléthon, comme plusieurs milliers de Colombiens et monsieur le Maire. Il lui semblait impossible, même si nous avancions l'heure de la commémoration, que ses musiciens puissent opérer aux deux endroits. Devant mon insistance et pour faire plaisir aux Anciens Combattants, il a bien voulu dégager deux musiciens, un tambour et un clairon, pour donner tout de même un caractère plus solennel à la cérémonie.
Enfin, nous avons imprimé les affiches. Ce sur quoi nous avons effectué des modifications : suppression de la gerbe municipale, de l'envoi d'invitations par les services de la Mairie et du vin d'honneur et cela, nous l'assumons.
Une municipalité n'est pas tenue de s'impliquer dans toutes les journées nationales. Madame Gouéta le sait bien, qui n'a jamais rien organisé pour la journée nationale du 10 mai commémorant la mémoire des traites négrières, de l'esclavage et de leurs abolitions, ni pour la Journée de l'Europe le 9 mai (non, ne me dîtes pas qu'elle se présentera peut-être aux élections européennes, c'est un sujet qui ne l'intéresse pas). L'essentiel me paraît être de respecter le choix des autres, ce que j'ai fait, en tant qu'élue déléguée aux anciens combattants, puisque j'ai participé moi-même à cette cérémonie, avec plusieurs de mes collègues.
Qu'est ce qui fait qu'à Colombes le sujet échauffe les esprits ?
Il existait avant 2001 une "rue du 19 mars 1962", située près de l'hôtel de Ville. Peu après son élection à la Mairie, Nicole Gouéta propose au Conseil Municipal, en majorité UMP, de débaptiser cette rue qui devient la "rue des anciens combattants".
Cette action, à l’époque, a
choqué de nombreux colombiens, et pas seulement ceux de gauche ; elle
témoignait d’un manque tout particulier d’ouverture d’esprit car il existe en France de nombreuses villes, de gauche, mais aussi de droite qui ont dénommé des rues ou des places du 19 mars 1962. (Il y a actuellement plus de 3.900 places et rues en France qui portent cette dénomination). Les résultats assez élevés de l'extrême droite dans certains quartiers avant l'élection de Madame Gouéta expliquent peut-être ce cadeau fait aux esprits les moins ouverts.
Durant toute la mandature, les anciens
combattants de la FNACA, directement visés par cette mesure, furent en butte à
des vexations de la part de la
municipalité (alors que la quasi totalité des drapeaux usagés des associations
d’anciens combattants ont été remplacés, celui de la FNACA ne l’a pas été,
faisant peine à voir lors des inaugurations.) ; plus de subvention non plus.
Ce que la municipalité a décidé
Durant la mandature de madame Gouéta, chaque année, lors du 19 mars,
les militants de gauche participent à la commémoration. Avant même notre élection à la mairie, nous avions été saisi par la FNACA et l'ARAC de leur souhait que l'injustice soit réparée, ce qui nous paraissait une demande légitime.
Aussi avons-nous proposé au Conseil municipal, qui l'a accepté, de dénommer une place colombienne, qui ne portait pas de nom jusqu'ici, "place du 19 mars 1962". A cette
occasion, nous avons eu l’impression que les passions étaient apaisées puisque
certains élus de l’opposition, après nos explications, comme Véronique Vignon, ont voté cette
dénomination. L’un de nos étonnements fut le vote des élus Modem, lesquels
estimaient que le courage politique aurait dû être d’annuler le vote de l'époque Gouéta, ce qui, je l’ai expliqué plus haut, amenait, par exprit de revanche, à vexer la quasi totalité
des associations qui étaient
heureuses d’avoir une rue des anciens combattants; Nous nous serions montrés aussi
partisans que notre ancien maire et sa majorité l’avaient été.
Comment le lieu a t il été choisi ?
Pas plus que nous, les associations ne souhaitaient pas attiser la polémique avec la droite, ni
d’ailleurs avec les autres associations de mémoire et pensaient qu’il fallait
laisser son nom à la rue devenue « des anciens combattants «
En accord avec elles,nous avons donc retenu une place située devant l'école Maintenon, parfois appelée par les riverains place des glycines ou place Maintenon. Cette place est petite certes mais sa situation sur les trajets habituels que nous faisons lors des commémorations d'anciens combattants en a fait le meilleur emplacement possible, parmi les diverses possibilités que nous avions repérées.
Pourquoi organisons-nous l'inauguration le 7 mars ?
Dès
décembre, nous avions envisagé avec la FNACA les modalités d’inauguration de
cette place. A Colombes, la majorité des associations d’anciens combattants ne
reconnaît pas le 19 mars et ne participera pas à la commémoration de ce jour.
La FNACA, désireuse que l’inauguration ait tout de même un certain lustre,
souhaitait que l’on retienne un jour où d’autres sections de la FNACA d’Ile de
France pourraient se joindre à nous. Les responsables FNACA de Colombes, après
consultation de leurs homologues, nous ont demandé de retenir le 7 mars, un
samedi, en fin de matinée.
A l’époque la date des élections cantonales n’était
pas fixée, et, lorsque celles ci ont été décidées, nous n’avons pas imaginé un
instant qu’il fallait revenir sur
l’accord donné à la FNACA parce qu'il n'y avait aucune malice dans ce choix.
Et que ferons-nous le 19 mars ?
Eh bien, tout naturellement comme chaque année, les élus de gauche, quelques associations d'anciens combattants, comme les membres de la section de Colombes de l'ARAC et la FNACA, ; mais aussi beaucoup de Colombiens feront une commémoration sur la place nouvellement inaugurée.
A la lecture de plusieurs billets et commentaires sur divers blogs, je m'interroge sur les « effets collatéraux » de l'engagement en politique.
Que les personnes qui sont aux responsabilités- quel que soit leur parti politique- aient des intentions avant décision puis action ... je trouve ça plutôt rassurant : c'est un des signes du sens des responsabilités ! Quelle est la nature de ces intentions ?... Seules ces personnes en connaissent la réalité !
Je comprends que lorsque l'on est engagé en politique - lorsque l'on prend parti -on puisse (souhaite) faire des hypothèses sur la nature de ces intentions et la qualifier de mauvaise ou bonne – qualificatif (trop) souvent issu de l'angle de vue d'un Parti politique - .
Le véritable mystère pour moi ?
Est-ce que l'engagement en politique doit forcément conduire à considérer le citoyen lambda comme décervelé ?
N'est-il plus possible, quand on a pris parti, de concevoir que les colombiens puissent être dotés de Raison... et donc, avoir leurs raisons de participer ou non aux conseils de quartiers, assister ou non à un spectacle aux 4 Chemins, être présents ou non à l'inauguration d'une place, etc... et ceci quelles que soient les intentions -réelles ou fantasmées- des organisateurs ?
Pour en revenir au sujet de ce billet, est-il possible de concevoir qu'un(e) colombien(ne) puisse assister à cette inauguration « simplement » parce que (et/ou) :
- le nom des rues/places est une signalétique de la Ville, et, donc, donne un sens à cette ville (lieu de vie)
- CE nom a un sens : la signature d'UN cessez le feu = point de départ de la fin d'UNE guerre (et, la fin d'UNE guerre = la Paix)
et, ceci, quelles que soient les raisons que peuvent avoir d'autres à y participer ou non, les intentions des organisateurs et la manière dont c'est organisé. Et surtout quels que soient les autres événements de la vie locale et leur calendrier ?
Est-il possible de concevoir qu'un(e) colombien(ne) n'assisterait pas à cette inauguration, tout simplement parce que son calendrier ne le lui permettrait pas, et sans que cela devienne le signe de quoi que ce soit d'autre ?
Rédigé par : Piaf2Colombes | 03 mars 2009 à 17:25
Chantal,
Je retiendrais deux choses suite à cette "affaire" du 19 mars 1962:
-La volonté légitime de la municipalité de vouloir revenir sur un acte injustifiable, le changement de nom de la rue du 19 mars 1962. Il y a des promesses de campagne qui font plaisir à voir se réaliser. Je n'évoquerais pas les raisons de ma joie, elles sont évidentes.
-La non volonté de vouloir profiter de cette commémoration à des fins électorales, je vous crois sur parôle. Les hasards du calendrier ne font pas toujours de bonne chose. Toutefois, je ne peux pas m'empecher de voir à travers la lettre de "Nordine" une lettre de rupture avec la cohésion d'il y a un an, à l'époque où l'on chantait à l'unissons au rythme des quartiers nord de la ville, heureux d'avoir battu Mme Gouéta. Je lis dans cette lettre les doutes de Nordine à propos de votre équipe municipale , pourquoi doute-t-il un an après? Il a le sentiment qu'on nous prend pour des "cons". Se trompe-t-il?
Je crois surtout que l'enfer est bien pavé de bonnes intentions, et Philippe Sarre est en train de l'apprendre à ses dépends. Pour parodier Molière, je dirais, "mais... qu'est-il parti faire dans cette galère ? " en démissionnant du conseil général. Une élection un an après, ça ressemble au vote d'une mention de censure à l'assemblée nationale. Enfin, Chirac a bien dissout l'assemblée en 1997 et cela lui a permis d'être réélu en 2002. :-)
Rédigé par : Ahmed Beribeche | 04 mars 2009 à 23:15
Souvenons nous simplement de nos morts et des nombreuses victimes de part et d’autres de ce conflit. Nos morts n’ont pas besoins de querelles politiques.
Rédigé par : MARIN | 05 mars 2009 à 10:10