A l'occasion de la cérémonie du 24 août 2008 commémorant la libération de Colombes, j'ai relaté, avant le discours de Philippe Sarre, notre maire, les circonstances qui ont amené à la mort de 5 colombiens durant la libération de la ville. Beaucoup de participants à la cérémonie m'ont dit qu'ils avaient appris avec intérêt des informations sur des noms entendus ou lus sur des stèles commémoratives ou les plaques des noms de rue. je reprends donc ces éléments sur ce blog.
rue :
C’est
d’abord Gaston GOETHALS qui mourut
le 20 août sous les balles allemandes. Il se trouvait avec un petit groupe rue Saint Hilaire,
près de l’ancien cinéma Colombes Palace, situé à l’entrée de la rue Saint
Denis. Les Allemands tirent
d’abord au canon sur la mairie, détruisant la verrière et endommageant
l’escalier d’honneur. Peut-être leur but est-il de délivrer certains des leurs
qui avaient été enfermés par les résistants du groupe Combat dans la mairie
avant d’être transférés à Nanterre ; peut-être veulent-ils,
symboliquement, venger leurs camarades. Cette canonnade ne leur suffit
pas ; Après la Mairie, et se dirigeant vers le centre ville, les soldats
continuent de décharger leur colère sur tous ceux qui se hasardent dans les
rues ; ils aperçoivent un groupe, ordonnent sa dispersion ; Gaston
Goethals n’obtempère pas aux ordres, ils l’abattent.
On sait peu de choses sur Jean GENY, qui tomba le 21 lors d’un mitraillage au carrefour des Quatre Routes, au Petit-Colombes, dans un environnement où de nombreuses barricades avaient été dressées par les FTP (Francs Tireurs et Partisans) . Depuis deux jours, le boulevard du Havre, actuel Boulevard Charles de Gaulle, constituait, en effet, le principal axe de déplacement des armées en déroute. Pour ralentir les mouvements de l’ennemi, les résistants sèment des « crève-pneus », sur la chaussée. Ces clous à deux pointes, fabriqués spécialement, ont la particularité de se présenter en toutes circonstances une pointe orientée vers le haut . Ils sont si efficaces d’ailleurs que les Allemands prennent très vite la précaution de balayer la chaussée devant leurs convois. Pour échapper aux embuscades, ils tirent, faisant de nombreux blessés parmi les résistants et un mort, Jean GENY.
D’Augustin RILOVA, tué le 25 août, on est seulement assuré qu’il était chaudronnier et vivait rue des Champs-Félix. Sur son action dans la résistance, on le sait membre des FFI (Forces Françaises de l’Intérieur), rien de plus. Il était sans doute, soit un résistant isolé soit un jeune qui venait de se rallier au mouvement de libération. Il trouvera la mort au Pont de Charlebourg, fauché par une rafale de mitraillette au passage des Allemands en retraite. Ceux-ci jetèrent son corps sur les voies de chemin de fer. Compte tenu de son jeune âge, 18 ans, cette mort toucha beaucoup les Colombiens.
Deux autres habitants de la commune furent victimes des tirs ennemis à Colombes dans cette journée du 25 août : on en sait davantage sur leur parcours, notamment grâce aux témoignages de leur famille :
René LEGE, jeune combattant volontaire de la résistance, est tué, à vingt trois ans, lors un combat contre les troupes allemandes, près du pont aqueduc, dit pont de l’usine des eaux. Secrétaire des Jeunesses Communistes de Colombes, il s’est engagé dès 1940 dans la Résistance (FTP). Tourneur à l’usine « Société Mécanique de Précision », il participe à l’impression et la diffusion de publications clandestines. Il s’est en particulier mobilisé contre le STO. Lorsqu’il est lui-même désigné pour partir, au titre du travail obligatoire en Allemagne, il s’éloigne en Normandie où il poursuit ses activités de sabotage. On retrouve sa trace en région parisienne où l’on sait qu’il fait, avec son groupe, sauter la permanence de la Légion des Volontaires Français à la Garenne, Il sera blessé par un policier en tentant de prendre la parole devant le public d’un cinéma.
Le
25 août, il s’est placé en embuscade avec quelques hommes au Pont d’Argenteuil.
Mais les Nazis sont très supérieurs en nombre. Le lieutenant donne l’ordre de
repli à son groupe et couvre leur retraite. Repéré par l’ennemi, il est abattu.
Son souvenir demeura très fort au sein de la résistance. A l’issue de la Libération, les FTP décident de poursuivre le combat jusqu’à l’anéantissement total du nazisme. A Colombes, les jeunes gens qui s’étaient réunis autour de Jean Fievet, alias Vacher, constituent alors une compagnie qui prendra le nom de René Légé. Cette compagnie, intégrée au bataillon Hoche 26/22, trouva place au sein des commandos d’Afrique de la première armée française, participa à la prise de Colmar puis à la bataille de Krauchenvies sur les rives du danube en mai 1945.
Enfin,
le jour de la libération de Colombes, vit la mort d’André SARRE, gardien de la
paix et membre des FFI. Né en 1914, André Sarre, travaillait au commissariat de
police de Colombes.
Depuis
le 21 août, les administrations, dont le commissariat, étaient fermées. Ce 25
août, seuls circulaient les Allemands qui fuyaient la capitale libérée depuis
la veille. Avenue de Gennevilliers, trois jeunes hommes en civil sortant d’une
traction se sont opposés à deux Allemands en moto. Les Français étaient armés
de revolvers, les allemands de mitraillettes. Après quelques échanges de coups
de feu, un des trois français était grièvement blessé ; c’était André
Sarre, qui fut transporté à la clinique de la rue de la gare, devenue depuis le
siège du commissariat de police. Il ne survécut pas à ses blessures.
En
souvenir, l’avenue qui va de Colombes à Gennevilliers porte depuis le nom de
l’agent Sarre et, avant cette cérémonie du 24 août, nous avons fleuri la plaque installée
à sa mémoire, non loin du 113 où il est tombé.
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