J'aime bien les clowns, d'abord comme pour beaucoup d'entre nous parce que cela me rappelle de beaux moments d'enfance. Et puis, une fois adolescente parce que j'ai pris conscience de la noblesse de cet art qui nous fait rire, de façon bon enfant, rarement au dépens des autres. Rire, c'est important, mais il y a la manière et j'ai toujours préféré celle-la aux Vidéogags et autres émissions dans lesquelles le rire se déclenche à la vue de quelqu'un qui se fait mal ou se ridiculise sans l'avoir choisi.
Plus tard, j'ai eu l'occasion de faire un petit stage animé par une professionnelle du clown 'Voir plus loin que le bout de son nez (rouge, bien sûr)" et j'y ai découvert qu'au delà de la performance technique, pour exercer son art, le clown a dû travailler sur lui-même, accepter ses défauts et s'en servir pour faire sourire et rire. Il y a là de la vraie noblesse.
D'ailleurs, les collaborateurs d'entreprise peuvent aujourd'hui suivre de tels stages en formation continue pour améliorer leur écoute des autres, leur relationnel ou leur contact avec le client. On reconnaît entre mille ceux qui ont été formés ainsi, ils sont moins dans le paraître, l'apparence et n'essaient pas de coller au rôle professionnel ou à leur fonction mais se comportent comme des humains face à d'autre humains.
Bon, ce n'est pas du clown en entreprise que je voulais vous parler mais d'un spectacle, qui est proposé à Paris au théâtre de l'Opprimé jusqu'au 20 janvier inclus.
Je voulais en parler sur ce blog après l'avoir vu, mais j'irai à la dernière, donc mon petit article n'aménerait aucun spectateur de plus, sauf si vous voulez retrouver ce spectacle au prochain festival d'Avignon.
Le spectacle : "Histoire du communisme racontée pour des malades mentaux" est adapté d'une pièce de Matei Visniec, un poéte et dramaturge roumain, comme Ionesco ou Vaclav Havel (je corrige, Havel est tchèque, bien sûr, merci à Philippe, lecteur attentif) . Comme eux il sait manier le recul et l'analogie, et plus encore utiliser l'absurde pour amener le spectateur à se poser des questions essentielles.
Le metteur en scène : Victor Quezada Perez de la Compagnie Umbral. Ce jeune artiste,qui travaille et milite à Colombes, formé à l'école du masque et du clown, a su aussi être un entrepreneur et un pédagogue puisqu'il a créé sa compagnie pour promouvoir de jeunes artistes et les faire participer à un travail de création. Rien ne lui fait peur puisque sa première création a été une adaptation de "Lorsque cinq ans seront passés", une oeuvre qualifiée d'impossible à monter par son auteur , Fédérico Garcia Lorca. "Histoire du communisme racontée pour des malades mentaux" est sa huitième création.
Le thème : Moscou , 1953, à la veille de la mort de Staline, l'Union des Ecrivains envoie Iouri Petrovski raconter lhistoire du communisme aux malades de l'hopital psychiatrique de Moscou. Trois mondes complexes sont réunis dans cette mise en scène. L'hopital, un monde fait de vie et de mort, les hopitaux psychiatriques de l'ère stalinienne, qui ont aussi leur cadre ambigu, lieu d'expérimentation de l'inhumain et en même temps refuge à l'enfer des camps de travail ; le travail du clown proposé par la compagnie Umbral oscille aussi entre l'absurde et la vérité.
Malgré son titre, point n'est besoin d'avoir un diplôme de sciences politiques ou d'avoir vécu l'époque du stalinisme ou de la guerre froide pour tirer profit du spectacle. Ce qui est proposé ici, c'est une réflexion sur la manipulation des "petits" de ce monde.
Deux Colombiens en parlent :
Christelle Vetizout, graphiste, spectatrice de la première heure: "Suis-je objective si je dis que cette pièce est vraiment excellente et qu'il faut absolument aller la voir ? En effet, je connais le metteur en scène et quelques-uns des comédiens. Mais je répondrai oui sans hésiter. J'ai déjà pu apprécier la qualité et le travail de sa troupe de jeunes comédiens. Cette pièce permet de mesurer l'étendue de leur talent. L'histoire se situe dans un hôpital psychiatrique en Union Soviétique. L'équipe pense que l'histoire du communisme racontée simplement pourrait guérir leurs patients. C'est donc l'histoire de la construction de l'Union Soviétique en version simplifiée que nous entendons. Quand on connaît la véritable histoire, on ne peut que rire et se questionner sur la puissance des mots. Mal utilisés, ils peuvent nous faire passer le loup pour un gentil agneau... Un très bon moment donc mêlant rire et gravité. A découvrir absolument !"
Alain Rajot, professeur d'histoire :" La pièce est une façon d'approcher sous trois aspects le communisme su XX * siècle (... ) l'histoire, classique, des faits fondateurs de l'URSS (...) ; le quotidien des sociétiques et celui notamment des artistes utilisés dans la construction du réalisme soviétique; (...) ; enfin, le spectacle nous donne à voir ce que fut la résistance intellectuelle au totalitarisme par l'utilisation de l'humour et de l'absurde. (...) Pour toutes ces raisons, cette pièce est une introduction intéressante à l'étude du communisme au XX° siècle."
Pour en savoir plus et retenir vos places :
Site de la compagnie Umbral
Spectacle du mercredi au samedi à 20 h 30 et le dimanche à 17 heures au Théâtre de l'Opprimé, 8à rue Charolais , Paris 12 ° métro gare de Lyon sortie N° 9
Enchanté de découvrir ce blog. Une remarque ponctuelle : Havel est tchèque :-)
Rédigé par : Philippe | 15 janvier 2008 à 21:13
Autant pour moi; heureusement qu'il y a des européens plus précis que moi ; le pire c'est que j'ai eu l'occasion d'aller dans les deux pays, le même été ; ce n'était pas une bonne idée si, du coup, mon cerveau fait des amalgames. Je corrige mon erreur ! Merci de me l'avoir signalée.
Mais votre remarque m'a donné l'occasion de dcouvrir votre blog et votre association, Nouvelle Europe,qui a des buts pédagogiques très proches de Permis de Jouer l'association que j'ai créée et qui fait, à travers des jeux, notamment un travail de sensibilisation sur des thèmes citoyens. Nous avons beaucoup animé en son temps un parcours ludique "Destination Euro 'dans les classes et pour les familles. Nous avons aussi proposé lors de la Fête de la Science des jeux sur les scientifiques européens. Nous avons créé par ailleurs un nouveau jeu il y a trois ans "Nos nouveaux cousins européeens ", un jeu pour faire découvrir aux collégiens les nouveaux pays de l'UE. Malheureusement, ce thème a beaucoup moins intéressé les enseignants et les mairies, sauf dans l'Est de la France, où nous avons un bureau de l'association. c'st une région dans laquelle chacun est beaucoup plus conscient de l'importance de l'Europe.
Alors Bravo pour votre intiative. je vais visiter régulièrement votre site et je le mets en lien sur mon blog.
si vous avez envie de voir de plus près ce que fait notre association : www.permisdejouer.fr
Peut être aurons nous l'occasion d'une collaboration au profit des Colombiens...
Bien cordialement
Chantal
Rédigé par : chantal Barthelemy-Ruiz | 15 janvier 2008 à 23:16
je vous ai répondu sur votre email
Cordialement,
Philippe
Rédigé par : Philippe | 22 janvier 2008 à 11:37